« Bonne nouvelle » : pour le FMI, les inégalités nuisent à la croissance !

ogb_44420_lucknow_070-scr-460_0Savez-vous que les 85 personnes les plus riches du monde totalisent une fortune équivalente à celle de la moitié de l’humanité ? Assez délirant n’est-ce pas !
– dans le monde, les 300 milliardaires les plus riches du monde ont encore augmenté leur fortune de 524 milliards en 2013 . Ensemble, ils représentent une richesse cumulée de 3 700 milliards, soit l’équivalent de l’addition du PIB de la France et de l’Espagne. Les plus riches ont atteint un niveau d’accumulation jamais connu depuis la Première Guerre mondiale.
– Aux Etats Unis, plus de 46 millions d’Américains en font les frais et vivent désormais en dessous du seuil de pauvreté.  Les 1 % les plus riches ont confisqué 95 % de la croissance post-crise financière entre 2009 et 2012, tandis que les 90 % inférieurs se sont appauvris.
– En Europe  » la fortune combinée des 10 personnes les plus riches d’Europe dépasse le coût total des mesures de relance mises en œuvre dans l’Union européenne entre 2008 et 2010 (217 milliards d’euros contre 200 milliards d’euros). Qui plus est, les politiques d’austérité mises en place après la crise pèsent lourdement sur les personnes pauvres, alors qu’elles permettent aux riches de s’enrichir toujours plus. L’austérité a aussi un impact sans précédent sur les classes moyennes.  » (rapport Oxfam).

US-POLITICS-POVERTY-ECONOMYUne prise de conscience (?) « copernicienne » nait chez les tenants de l’ultralibéralisme, non par altruisme, mais par simple intérêt :
On connait leurs grandes théories : l’augmentation des inégalités et l’accumulation des richesses dans les mains d’un petit nombre de plus en plus réduit profitent à l’économie et au bout du compte à tout le monde, et à leurs yeux la redistribution est contre-productive .
Mais ces messieurs se rendent compte petit à petit du contraire :
– à Davos, ils se sont aperçus que « les inégalités représentent un risque pour la stabilité économique »,  et que ce n’est pas la crise financière mais les inégalités entre les riches et les pauvres qui les préoccupent car les inégalités croissantes pésent sur l’économie mondiale ! ces messieurs parlent de « menaces climatiques, dangers des cyberattaques, craintes de soulèvements sociaux, voire de conflits civils. Le malaise et la peur sont palpables : les responsables de Davos redoutent d’assister à un phénomène massif de rejet de leurs politiques et à des mouvements de démondialisation.  » rapportait Médiapart.
– le FMI lui-même remet en cause les coupes budgétaires auxquelles sont soumis les pays et même la manière qu’à l’Europe d’insuffler des milliards pour sauver la Grèce. Le chef du département recherche du FMI, Jonathan Ostry, écrit  : « … des inégalités excessives risquent de peser sur la croissance, par exemple en réduisant l’accès à la santé et à l’éducation, en provoquant de l’instabilité politique et économique qui réduit l’investissement et en mettant à mal le consensus social requis pour faire face à des chocs de grande envergure … »
– Même Christine Lagarde y va de son couplet lors de ce forum« Les responsables  économiques et politiques au forum économique mondial doivent se rappeler que dans de trop nombreux pays, les gains de la croissance n’ont bénéficié qu’à trop peu de personnes. Cette situation n’est pas un gage de stabilité ».

6253353-9344328– le cri d’alarme d’Oxfam est-il en passe d’être entendu ? « Les inégalités économiques s’amplifient rapidement dans la plupart des pays. Les richesses du monde sont divisées en deux : près de la moitié est entre les mains des 1 % les plus riches, tandis que 99 % de la population mondiale se partagent l’autre moitié. Le Forum économique mondial a identifié ce déséquilibre comme un risque majeur pour les progrès humains. Les inégalités économiques extrêmes et la confiscation du pouvoir politique sont trop souvent interdépendantes. Si rien n’est fait, la mise à mal des institutions politiques se poursuivra et les États serviront principalement les intérêts des élites économiques, aux dépens des autres citoyens. Les inégalités extrêmes ne sont pas une fatalité. Elles peuvent et doivent être combattues rapidement. »
Médiapart nous dit que « parce que des milliers de milliards de dollars, de yens, d’euros ne sont jamais retombés dans l’économie réelle, mais ils ont provoqué une déformation économique jamais vue jusqu’alors. L’essentiel a été capté par le monde financier, qui l’a utilisé comme il en avait l’habitude : en spéculant massivement sur tous les actifs qui lui semblaient profitables, du pétrole à l’immobilier en passant par les actions et les obligations. »
Ce cri d’alarme  risque de tomber à plat au vu du cynisme de Stanley Druckenmiller qui affirmait dernièrement,  alors que la Fed annonçait qu’elle allait continuer à approvisionner les marchés à hauteur de 85 milliards de dollars par mois : « C’est une formidable nouvelle pour les riches. C’est la plus grande redistribution de richesse des classes moyennes et des pauvres en direction des plus riches. Qui possède les actifs ? Les riches, les milliardaires. Vous pensez que Warren Buffet hait cette décision ? (….) Pour moi, j’ai eu une excellente journée. Peut-être que cette politique monétaire qui donne de l’argent aux milliardaires, que nous allons dépenser, va marcher. Mais depuis cinq ans, cela n’a pas marché. »
Gardons espérance et faisons nôtre cette conviction d’Oxfam :  « La clé de ces progrès réside dans des politiques populaires représentant la majorité, plutôt que d’être confisquées par une infime minorité. » … oui gardons espérance surtout quand cette dernièreminorité  accède à cette évidence…

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